Réduire, recycler, réemployer, tel est le but du décret "3R"de la loi AGEC visant à réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025. Dans ce contexte, la pression monte autour des emballages alimentaires. Face à cette (r)évolution de l’emballage, les lignes bougent avec des réponses actuelles et d’avenir plus respectueuses de l’environnement. Retrouvez les témoignages d’experts engagés en territoire dans cette transition économique et environnementale d’envergure.
Vous défendez l’idée du « juste emballage », comment le définiriez-vous ?
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Marie GUYOTON, Responsable d'activité emballage, ADRIA |
Il est important de rappeler qu’un emballage doit assurer des fonctions, spécifiques au produit qu’il contient, afin de le protéger, le conserver et ainsi éviter le gaspillage. Sa seconde fonction est de s’adapter à son circuit de distribution et de transport et d’informer et d’apporter du service et de la sécurité au consommateur. Le juste emballage est donc l’emballage nécessaire et suffisant pour répondre à ces fonctions. La juste quantité, la juste composition, …, en d’autres termes, ni trop pour ne pas utiliser de ressources inutilement, ni trop peu pour ne pas compromettre et gaspiller le produit. Cette approche rationnelle de choix du juste emballage est ce qu’on appelle l’éco-conception.
L’éco-conception, une démarche qui va au-delà de l’emballage ?
Effectivement, on ne peut pas se limiter à l’emballage quand on parle d’éco-conception. L’emballage fait partie intégrante du produit, les deux sont interdépendants et doivent être pris en compte dans ce type d’approche. Par exemple, si on modifie la composition d’un matériau plastique pour le rendre recyclable, on impacte ses propriétés barrière et par conséquent la conservation du produit. A l’inverse, la suppression d’un conservateur dans le produit doit interroger sur le besoin de modifier l’emballage pour assurer la même durée de vie produit. Sur ces problématiques croisées produit / emballage, le pôle Food & Pack Solutions de l’ADRIA propose son expertise aux industriels de l’agroalimentaire.
Quelles grandes étapes dans une démarche d’éco-conception ?
L’emballage fait partie d’un écosystème global, appelé « cycle de vie », indissociable du produit qu’il contient. Pour mettre en place une démarche d’éco-conception, il faut prendre en compte chacune des étapes de ce cycle de vie du couple « produit / emballage », et plus précisément s’interroger sur les fonctions dont on a réellement besoin et r(e)définir son cahier des charges ; étudier la mise en place des « 3R » (Réduire, Réemployer, Recycler) et son impact sur les fonctions attendues. Ne pas oublier que l’éco-conception ne concerne pas que l’emballage consommateur, les emballages logistiques peuvent être améliorés.
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Marie GUYOTON, responsable d’activité emballage
marie.guyoton@adria.tm.fr
www.adria.tm.fr
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Fabrice PELLETIER, Designer Conseil et Journaliste |
La parole à Fabrice Peltier, Designer Conseil et Journaliste, expert en design Packaging
Vous indiquez ne pas louper le virage du réemploi ? Expliquez-nous pourquoi?
Afin de minimiser l’utilisation des ressources naturelles et la production de déchets, l’emballage à usage unique doit être utilisé avec modération, uniquement lorsqu’il est indispensable. Pour accélérer le mouvement, la loi AGEC, interdit l’utilisation d’emballages unique sur certains marchés. L’emballage à usage multiple est donc appelé à le remplacer. Par ailleurs, cette même loi fixe d’ores et déjà des objectifs pour l’utilisation des emballages réemployables par rapport à la quantité d’emballages à usage unique mis sur le marché : 5% en 2023 et 10% en 2027. Et ce n’est qu’un début… Les textes de loi plus ou moins contraignants qui tombent les uns après les autres peuvent donner l’impression que « ça tire dans tous les sens » sur l’emballage. Cependant, les objectifs visés par toutes les mesures qui encadrent l’emballage sont assez claires et vont dans le même sens : développer le plus possible les systèmes de vente de produits dans des emballages réemployables, consignés ou non, pour sortir du tout jetable. Il y a donc urgence de ne plus attendre. Ceux-qui ne prendront pas le virage à temps, pour proposer des produits emballés dans des emballages réempoyables pourraient se voir exclus d’un mode de commerce qui va inexorablement se développer. Voire pire, ils pourraient ne plus pouvoir vendre leurs produits faute de ne pas avoir étudié à temps une solution viable.
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Fabrice PELTIER, expert en design packaging
fabricepeltiercreation@gmail.com
www.fabrice-peltier.fr
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A-Sophie LANDREIN, responsable Industrialisation, Bonduelle |
Regard d’industriel avec Anne-Sophie LANDREIN, Responsable Industrialisation, Bonduelle
Quels sont vos axes de progrès pour mieux recycler/réutiliser vos emballages?
Les matériaux d’emballage sont un sujet très important chez Bonduelle. Composition, poids, empreinte environnementale… notre volonté est de nous intégrer pleinement dans une économie de plus en plus circulaire. C’est logiquement que nos conditionnements sont au cœur du deuxième macro-objectif de notre démarche RSE. Avec l’ambition d’atteindre d’ici 2025 : 100% d’emballages conçus pour être recyclables ou réutilisables. Notre démarche emballage s’articule autour d’un programme d’actions visant 3 axes de progrès : 1) réduire à leur minimum les quantités de matériaux utilisés pour les emballages, c'est à dire réduire le poids, la surface ou l'épaisseur des emballages, et ceci pour l'ensemble des matériaux (plastique, carton, papier, verre, métal); 2) choisir des matériaux recyclés et respectueux de l’environnement ; 3) atteindre d’ici 2025, 100% d’emballages conçus pour être recyclables ou réutilisables. Ce défi est significatif par la difficulté technique et opérationnelle que représente la substitution des emballages encore non recyclables. Plusieurs solutions sont envisagées et testées.
Une success story en termes d’innovation packaging ?
Ne dit-on pas que le meilleur des déchets c'est celui que l'on ne génère pas ? C'est dans cette optique et après confirmation auprès de nos consommateurs que nous avons retiré au printemps les couvercles plastiques sur la gamme de salade Traiteur 300 grammes. Le retrait du couvercle a nécessité des ajustements d'un point de vue industriel pour assurer la protection du produit jusqu'au consommateur. Le retrait du couvercle sur l’ensemble de la gamme 330g a réduit de 46% le poids du plastique sur le poids total de la barquette soit 550T de plastique non utilisé. Si on traduit ces chiffres en CO2, c’est 1670T de CO2 évités soit l’équivalent de 940 A/R Paris New-York en avion !
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Anne-Sophie LANDREIN, responsable industrialisation
anne-sophie.landrein@bonduelle.com
www.bonduelle.com
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Anaïs RYTERBAND, co-fondatrice, Pandobac |
Zoom sur l’activité de Pandobac avec sa co-fondatrice, Anaïs Ryterband
Quel est votre métier et vos missions ?
Pandobac propose des solutions concrètes de réemploi d’emballages, depuis l’étude de faisabilité jusqu’à la mise en place. Cela passe par une solution opérationnelle pour remplacer les emballages jetables de transport (cartons, cagettes et caisses polystyrène) avec des bacs réemployables loués par Pandobac, suivis grâce à une plateforme en ligne développée spécifiquement et lavés localement par nos partenaires et une activité de conseil sur le réemploi de tout type d’emballages (bouteilles, petits contenants, barquettes de cuisson) destiné à la fois aux entreprises et aux collectivités. Aujourd’hui, Pandobac travaille avec une vingtaine de grossistes en Île-de-France, en Bretagne et en région lyonnaise.
Pourriez-vous décrire le caractère innovant de votre expérimentation en Bretagne ?
Pandobac innove avec Ulysse Marée au Guilvinec (29) pour remplacer les emballages polystyrènes utilisés pour la livraison aux restaurants locaux. Pour cela, Pandobac loue des bacs réemployables en plastique, spécifiquement adaptés au transport de produits de la mer. Les bacs existent en 3 formats, emboîtables et empilables et prennent donc une place réduite pour le stockage. Ils disposent de trous de drainage pour assurer l’évacuation de l’eau de fonte. Ces bacs sont suivis grâce à l’outil de suivi spécifiquement développé par Pandobac pour assurer la traçabilité des stocks entre Ulysse Marée et les restaurants. Cet outil repose sur une technologie QR code et Pandobac a formé les équipes à son utilisation. Pandobac a mis en place avec Ulysse Marée la collecte et le lavage des bacs, en partenariat avec un ESAT local. Ce dispositif a permis d’éviter près d’une tonne d’emballage.
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Anaïs RYTERBAND, co-fondatrice
anais.ryterband@pandobac.com
www.pandobac.com
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